les écrits




DERNIER BULLETIN DE LIAISON
Nécrologie André PETIT, Albert KALAYDJIAN,,Gilles BOSSY


PETIT
Presque centenaire, André Petit s'est éteint le 20 juillet, à 99 ans, après avoir exercé une carrière d'élu local de 42 ans à Eaubonne dans le Val d'Oise, département au nord de Paris.  Il entre au conseil municipal en 1959. Il ne se borne pas au travail municipal, et devient Conseiller général entre 1967 et 1979, puis député ainsi que conseiller régional durant près de 20 ans.
André Petit était un homme qui avait du respect pour la fonction d'élu, a insisté Marie-José Beaulande, maire de la ville, en lui rendant hommage. « Il faisait partie de ceux qui considèrent l'opposition comme des adversaires politiques, pas des ennemis personnels. Je tiens à souligner ici son esprit républicain. Maire visionnaire, bâtisseur, avant-gardiste, il a fait d'Eaubonne la ville moderne qu'elle est actuellement. Humaniste et engagé, il s'est battu pour développer le centre hospitalier régional qu'est aujourd'hui l'hôpital Simone-Veil. »  Nous avions été invités à l'inauguration de cet hôpital en présence de Simone Veil, alors ministre de la Santé.
« Entré au conseil municipal à 36 ans en 1959 sous le mandat d'André Mignot, André Petit lui succédera six ans plus tard et transformera la ville : on lui doit la piscine des Bussys, l'hôtel de ville, des écoles (Flammarion, Jean-Jacques-Rousseau), le collège André-Chénier, le lycée Louis-Armand, le complexe du Luat, l'école de musique, la médiathèque... Mais aussi le potager de la Chesnaie, le parc Claude-Monet, le bassin des Moulinets et une des premières pistes cyclables du Val-d'Oise, rue d'Enghien.
« Avec son décès, c'est une partie de la mémoire d'Eaubonne qui s'éteint. Mais ensemble, nous nous attacherons à la faire perdurer », a conclu la maire d'Eaubonne.
André, militant engagé au MRP depuis sa jeunesse, était un ami fidèle de notre amicale, il ne manquait jamais une réunion de notre Comité Directeur ni de notre Assemblée générale.
Il était passionné de la vie publique, de ses fonctions diverses qu'il a assumées tant sur le plan local dans sa ville d'Eaubonne de 23 000 habitants, qu'au département du Val d'Oise ou dans la région Ile de France, ou à l'Assemblée nationale.
André aimait nous parler de sa ville, de son évolution, des projets en cours et passionné de politique, il aimait commenter l'actualité surtout en période électorale. On a toujours apprécié son dynamisme, son ouverture aux autres et son sens de l'histoire.  
Merci pour tout, André. Vrai militant MRP fidèle aux valeurs de notre mouvement jusqu'au bout de sa longue vie.

Adieu, Albert
Albert Kalaydjian, notre ami, est décédé le 11 août 2022 alors qu'il séjournait à Bolzano dans le nord de l'Italie. Il aurait fêté ses 71 ans quelques jours plus tard. L'Italie, un pays qu'il aimait et auquel il vouait une infinie reconnaissance pour avoir sauvé d'une mort certaine sa famille arménienne en 1922. C'est un navire italien qui avait pris à son bord son père et ses grands-parents fuyant Smyrne en flammes, avant de les déposer sur l'île de Samos. Albert n'avait jamais oublié... Il portait en lui cette blessure secrète, plaie béante qui fera de lui le défenseur infatigable de la reconnaissance du génocide de 1915 et le soutien indéfectible d'un pays toujours menacé, l'Arménie. Sa famille avait ensuite suivi les chemins de l'exil, Athènes, puis la France, Marseille, la vallée du Rhône et enfin, la banlieue parisienne où elle s'était installée en 1928 à Bois-Colombes. C'est là que nait Albert, le 17 août 1951.
'Je suis un enfant de l'école de la République', se plaisait-il à dire, elle lui avait appris à lire, à écrire, et insufflé une passion, celle de l'Histoire, qui ne le quittera plus. Histoire de France, histoire mondiale, son érudition, fondée sur une mémoire exceptionnelle, nous impressionnait, notamment sa connaissance fine de l'histoire des idées et de la vie politique française. La politique, son autre passion.
C'est en mai 1968, au lycée, qu'il s'y initie, comme beaucoup de jeunes de sa génération. 16 ans et déjà la ferme volonté de participer à l'Histoire qui s'écrit, d'imaginer l'avenir, de lutter contre la personnalisation du pouvoir, contre les injustices sociales, pour une société plus fraternelle, ouverte sur le monde.
Enfant unique et choyé d'un père cordonnier, puis OS à la suite d'un accident de travail, et d'une mère couturière à domicile, il avait appris à leur contact la valeur du travail. Rien ne lui fut donné facilement. Le bac en poche, il s'inscrit en Histoire et en Lettres à l'Université Paris X-Nanterre et suit les cours de Sciences-Po-Paris tout en travaillant comme surveillant d'externat dans des collèges d'Argenteuil et de Colombes. C'est là que débute son engagement politique, à gauche, comme militant syndical au SNES puis à l'UNEF-Renouveau qu'il représente au tout nouveau Conseil d'Université. Dure école que celle de 'Nanterre-la-Rouge'. Sur le campus, quand on est Secrétaire de la section socialiste de la faculté des Lettres et Sciences humaines, il faut savoir s'imposer face aux groupes gauchistes aux méthodes radicales, apprendre à négocier aussi. Albert était incollable sur toutes les nuances et chapelles de l'extrême gauche française ! Sur celles de l'extrême droite également. Au cours de ces années d'apprentissage, un homme lui tendit la main : le Président René Rémond, son professeur en histoire contemporaine, qui lui apporta son bienveillant et constant soutien.
Puis vint le temps des déceptions. Tout en y conservant de solides amitiés, Albert prit ses distances avec le parti socialiste, plus soucieux désormais de luttes sociétales que de luttes sociales. Homme de centre gauche, il rallia la grande famille démocrate-chrétienne, celle du MRP et de ses héritiers, qui correspondait mieux à ses convictions profondes et à laquelle il resta fidèle jusqu'au bout. Les idéaux et les enseignements des grands anciens, Marc Sangnier, Emmanuel Mounier, Etienne Borne, il les avait faits siens. C'est avec un profond respect pour l'action de nos ainés qu'il rejoignit notre Amicale.
Reçu major du concours d'attaché d'administration centrale en 1976, il commença sa vie professionnelle dans les services du Premier Ministre, affecté au Service juridique et technique de l'information. En 1981, le Secrétaire général du CDS, André Diligent, l'appela à ses côtés comme chef de cabinet. La haute figure du sénateur-maire de Roubaix resta toujours un modèle pour lui. Il occupa ensuite différents postes au sein du Secrétariat général du parti : Secrétaire national aux Etudes en 1984, puis directeur administratif et financier en 1988. Les Universités d'été des Jeunes Démocrates Sociaux, dont il fut le trésorier, où se côtoyaient dans une ambiance décontractée dirigeants et générations montantes, furent sans doute parmi ses plus beaux souvenirs.  
Enfin, après quelques années passées à la Fondation Robert Schuman, Albert rejoignit en 2007 le Sénat, noble et mystérieuse maison à laquelle il était profondément attaché. Conseiller aux Relations internationales du groupe de l'Union centriste, il jetait chaque semaine un regard d'expert sur l'actualité internationale.
Ainsi, des années 1980 à nos jours, du CDS au MoDem en passant par l'UDF, Force démocrate, l'UDI, le Nouveau Centre... c'est tout un pan de l'histoire du Centre qui défila sous ses yeux et à laquelle il participa activement. L'éclatement de la famille le désolait, il rêvait de retrouvailles, que renaisse un Centre uni fondé sur les idéaux de justice, de concorde, d'ouverture dont notre pays a tant besoin aujourd'hui.  
Comme le disait si bien son ami Eric Azière dans l'émouvant hommage qu'il lui rendit le jour de ses obsèques : 'Albert, tu n'aimais pas seulement l'Histoire, tu aimais toutes les histoires, celles des gens autour de toi, des petits, des obscurs. Tu voulais les aider à réussir, à surmonter les difficultés de la vie.'
C'est vrai, et c'était dans tes mandats municipaux que cette empathie, cette générosité, pouvait le mieux s'exprimer. A Bois-Colombes, ta ville natale d'abord, puis à Saint-Ouen, dans le 93, ta ville de coeur où, démocrate-chrétien en terre communiste, tu étais de tous les combats quand la cause te paraissait juste : défendre une caissière licenciée abusivement, trouver un abri aux gens du voyage, conserver un ilot de verdure ou soutenir la rénovation du stade historique de l'équipe de football locale, le légendaire Red Star. Tes interventions, toujours hautes en couleurs, résonnent encore là-bas, dans la salle du Conseil municipal.
En récompense de ton action, la République t'avait distingué, toi, l'enfant de deux immigrations, arménienne par ton père, belge par ta mère, en te décorant des Palmes académiques en 1989 et de l'Ordre national du Mérite en 2017. Tu en étais très fier. Car des humiliations, des blessures, tu en avais reçu beaucoup, mais tu avais toujours réussi à faire face avec courage et su te relever. L'accident vasculaire cérébral qui te terrassa ce soir du mois d'août ne te laissa pas cette chance.
Ami fidèle, attachant, entier, ta personnalité, Albert, ne laissait personne indifférent. Nous n'oublierons jamais ton rire, ton humour, tes emportements aussi, ton agilité intellectuelle, cette mémoire prodigieuse...  Ils furent nombreux tes amis , venus du Sénat, de toutes les familles du Centre et d'ailleurs,  François Bayrou , les amis de l'Amicale, soutenir ton épouse et ta famille, rassemblés pour te rendre un dernier et affectueux hommage en l'église catholique arménienne de la rue du Perche, à Paris, ta paroisse. Aujourd'hui, tu reposes au cimetière communal de Saint-Ouen, parmi ceux que tu aimais.  
Les membres de l'Amicale remercient Béatrice son épouse de nous avoir aidé à retracer la vie d'Albert et de sa présence désormais à notre Comité directeur.

Gilles BOSSY
Après la mort d'Albert cet été, c'est Gilles Bossy qui le 17 février s'écroule et meurt subitement. Il avait 76 ans. Nous étions au téléphone les jours précédents, à propos de l'actualité, brulante ,  car il venait de m'envoyer la copie de sa lettre à Laurent Berger sur la position de son syndicat dans le  débat sur les retraites.
Nos adhérents ont pu lire les années précédentes sa longue étude sur Clémenceau, qui en a surpris plus d'un, dans plusieurs de nos bulletins. Lors de ses obsèques où notre amicale était bien représentée autour de Pierre Méhaignerie, nous avons entendu son meilleur ami, François de Singly, professeur émérite de Sociologie à la faculté des sciences humaines et sociales de la Sorbonne évoquer sa vie.
Né à Cholet en Vendée, ils se sont connus dans la même troupe scout et sont devenus très amis, Gilles arrête assez vite ses études secondaires et s'oriente vers un CAP d'électricien, travaillant chez un ami de son père Pierre Gauriau, mais il ne s'y plait pas et échoue à son CAP.
« En 1965, Maurice Ligot se présente maire de Cholet. Il est élu, contre Pierre Gauriau, tête de liste MRP. Ligot lance la première municipalité des jeunes en France, Gilles se présente et est élu. Gilles conservera de forts liens avec Ligot jusqu'à sa mort, à Cholet, à 92 ans.
En 1966-67, l'année de mon bac, Gilles fait son service militaire. Au retour, grande bifurcation. Tu commences « capacité en droit » à la faculté de Bordeaux. (Sans le bac on ne pouvait pas accéder aux études supérieures) Je me rappelle t'avoir demandé comment tu avais fait, tu m'as répondu, je te cite : « la lecture intégrale du quotidien du Monde ». Tu passes avec succès ce diplôme et tu entreprends alors une licence de droit que tu achèves à Paris à la faculté d'Assas. En 1979 tu réussis le CAPA, certificat d'aptitude à la profession d'avocat. Trop fort Gilles, le seul avocat qui a raté son CAP d'électricité. Quelle trajectoire ! ».
Les deux amis se retrouvent Paris en 1990, et le sociologue découvre sa nouvelle passion pour Clemenceau . « Cela renvoie, bien sûr, à la Vendée, il est né à Mouilleron en Pareds. Mais il y avait aussi le général de Lattre de Tassigny, lui aussi né et enterré à Mouilleron en Pareds. Et il y avait encore, l'écrivain Jean Yole dont ton père était métayer. Non tu as opté pour Clémenceau.
Or tu penchais plutôt pour le MRP, parti démocrate-chrétien, jusqu'à ces dernières années tu étais vice-président de l'amicale des anciens MRP, Pierre Méhaignerie en étant le président. Or la démocratie chrétienne et Clémenceau, anticlérical et radical, ne vont pas si bien ensemble. Tu avais le choix des ancêtres, et tu as retenu Clémenceau. Des trois vendéens possibles, c'est le seul homme politique. Peut-être aussi parce que tu te reconnaissais dans le portrait qu'il faisait de lui, je le cite : « C'est au caractère vendéen que je dois le meilleur de mes qualités. Le courage, l'obstination têtue, la combativité ».
Ces traits te vont bien. Les généalogistes du monde contemporain ont eu une surprise dans leurs travaux, ils se sont rendu compte que ceux qui remontaient le temps ainsi se choisissaient eux-mêmes leur ancêtre, leur grand-père ou leur grand-mère. Toi tu as élu Georges Clémenceau.
Tu te plonges pendant des années dans tout ce qui touche au Tigre. Comme me le disait Emilie ta fille à propos de l'appartement de son père : « Clémenceau est partout, dans toutes les pièces, du sol au plafond ». Et tu décides de tirer un fil, celui du rapport de Clémenceau aux religions. (On retrouve cette étude dans les numéros 19, 20, 23 du MRP vous parle)
Rassurez-vous, même en hommage à Gilles, je ne reprendrais pas sa longue démonstration. Son manuscrit, il l'a envoyé aux historiens spécialistes de la période. Il était heureux de leurs réponses. Gilles, tu aurais voulu, me semble-t-il, exercer ce métier, qui repose sur l'accumulation des archives. »
Les archives de cette étude sont passionnantes, les nombreuses anecdotes sont délicieuses.
« Pour conclure, restons-en à Clemenceau. Ses voisins à Paris étaient les jésuites du collège Saint-Louis de Gonzague -appelé également collège Franklin. Un jour, il demanda au supérieur de cet établissement d'élaguer un arbre qui assombrissait son jardin, ce qui fut fait rapidement. Georges Clemenceau adressa un mot de remerciements : « Mon père, je puis bien vous appeler mon père puisque vous m'avez donné le jour... ». Le supérieur lui répondit dans ces termes : « Mon fils, je peux bien vous appeler mon fils car grâce à moi, vous avez entrevu le Ciel... ». Et toi, Gilles, depuis quelques jours, tu vois le ciel.
François de Singly
Merci Gilles pour tout ce que tu nous as apporté à l'amicale, ton efficacité en toute discrétion, ton attachement à nos valeurs, ta passion pour la politique, ton amour de la Vendée.





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N° 122 du 1er trim. 2009

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