|
|
|
|
Le Manifeste
Le Manifeste
(présenté les 25 et 26 novembre 1944)
Réuni pour la première fois en Congrès National, aux jours où s'achève en Alsace, par
la victoire de nos armées, la libération du territoire national, le M.R.P, affirme sa volonté
révolutionnaire.
Le M.R.P. estime que les exigences de la personne humaine et les nécessités de la grandeur
nationale condamnent définitivement le vieil état de choses dont la transformation rapide et
radicale apparaît possible dans une France renouvelée par la Résistance, la Libération et la
Victoire, à condition que les citoyens sachent s'élever au-dessus des querelles d'antan
jusqu'à une attitude de grandeur et de hardiesse que justifie la vocation française.
NOUS VOULONS UNE REVOLUTION...
- Nous voulons une Révolution qui permettra avant tout une élévation morale et spirituelle de l'ensemble des hommes.
- Nous voulons une Révolution qui garantira à chacun le droit de vivre dans la sécurité et la dignité.
- Nous voulons une Révolution qui fera de la démocratie politique et sociale une pleine réalité.
- Nous voulons une Révolution qui donnera à la France les moyens de réaliser totalement sa destinée.
REFORMES DE STRUCTURE
Cette Révolution suppose des transformations dans la structure de l'Etat. La constitution
nouvelle devra créer une République démocratique qui sache concilier l'autorité de l'Etat et
la continuité indispensable de la politique gouvernementale avec le respect de la souveraineté
populaire et de la liberté des citoyens. Les administrations publiques devront être modernisées
et leur recrutement démocratisé.
Cette Révolution suppose une économie dirigée par un Etat libéré des puissances d'argent, ainsi
que la nationalisation des industries-clés, des monopoles privés, et du crédit. Elle suppose également
une participation des divers syndicats librement organisés à la direction de l'économie et à la
gestion des entreprises. Elle suppose dans l'agriculture le développement de la coopération agricole
sous toutes ses formes et dans la liberté syndicale.
LIBERATION DE L'HOMME
Cette Révolution suppose sur le plan social une organisation collective et complète de la
sécurité matérielle de chacun, un nouvel aménagement de la propriété privée afin que ne soit
plus possible l'asservissement de l'homme au capital, la garantie à tout travailleur d'un
salaire minimum vital, la possibilité pour tous d'élever leurs enfants quel qu'en soit le
nombre, des logements sains assurés à l'ensemble des travailleurs de la ville et de la
campagne.
Cette Révolution suppose une participation de toutes les classes sociales aux richesses spirituelles
et intellectuelles de la civilisation moderne et de la tradition française par un développement et
une démocratisation de l'instruction ainsi que par le respect de toutes les forces morales, par
l'organisation pratique de la liberté de l'enseignement, une accession de tous à des loisirs sains
permettant le plein épanouissement physique, intellectuel et moral, un relèvement de la dignité
familiale indispensable pour que les foyers français restent pour la patrie des sources de vie et de
vertu.
DANS L'ORDRE ET PAR LA LOI
Cette Révolution, nous voulons la réaliser, sérieusement, dans l'ordre et par la loi, pour qu'elle
soit réelle, efficace et durable et qu'elle obtienne l'adhésion de l'ensemble de la Nation. Nous
savons aussi qu'elle exige un appui constant et éclairé des masses populaires et qu'une période
prolongée de stricte discipline économique et de dur travail est indispensable.
Nous ne concevons pas cette Révolution sans que la souveraineté populaire ait pu s'exprimer
librement en des élections loyales assurant une représentation exactement proportionnelle des
diverses tendances politiques françaises. Aussi souhaitons-nous l'élection, aussi rapide que
possible, d'une Assemblée Nationale, étant bien entendu qu'il ne saurait s'agir d'une Assemblée
souveraine avant que le retour de l'ensemble des prisonniers et déportés ait permis des élections
vraiment générales.
POURSUIVRE LA GUERRE
En attendant cette première consultation populaire, il appartient au Gouvernement du général
de Gaulle, gérant provisoire de la République, de poursuivre la guerre avec une vigueur inflexible
jusqu'à la victoire totale, de maintenir l'ordre public et le respect des lois républicaines,
d'assurer rapidement, rigoureusement, et sereinement l'oeuvre indispensable de justice et d'épuration,
tant à l'égard des collaborateurs de l'ennemi et des traîtres de Vichy que des profiteurs de la misère
publique, d'apporter d'urgence l'aide indispensable à toutes les victimes de la guerre (prisonniers,
déportés, sinistrés, réfugiés, persécutés, veuves de guerre) et à leurs familles envers qui la Nation
a contracté une dette sacrée, de provoquer par tous les moyens la reprise de la production agricole
et industrielle tout en assainissant la monnaie, de prendre toutes les mesures indispensables pour
que les puissances d'argent ne puissent à nouveau intervenir dans la vie publique et dans
l'orientation de l'opinion, de reconstituer une grande armée nationale par l'amalgame de la
glorieuse armée d'Afrique et des héroïques F.F.I. (1), de préparer avec tous nos alliés l'avènement
d'un ordre international basé sur les principes de la sécurité collective et les exigences de la
grandeur française.
AVEC LA RÉSISTANCE ET LE PAYS
Pour cette tâche, le M.R.P. ne conçoit ni de divorce possible entre le Gouvernement du général
de Gaulle et les organismes de la Résistance, ni de rupture possible entre ceux-ci et l'ensemble du
pays. Il souhaite que l'unité morale et organique de la Résistance puisse se maintenir à travers la
diversité des courants politiques traditionnels. Il compte sur l'Assemblée Consultative pour
sauvegarder l'unité étroite d'inspiration et d'action entre le Gouvernement, la Résistance et le
Pays.
APPEL AUX REVOLUTIONNAIRES
Le M. R. P. ayant ainsi précisé sans équivoque son orientation fait appel aux hommes et aux
femmes de toutes classes sociales, quelle qu'ait pu être, dans le passé, leur appartenance
politique et notamment à tous ceux et à toutes celles qui ont participé à la Résistance et à la
Libération, pour réaliser avec eux un parti politique véritablement neuf, animé par la volonté
révolutionnaire du peuple français et au service exclusif de la grandeur nationale.
Notes :
________________________________
(1) Forces Françaises de l'Intérieur (NDLR).
|
|
|